Rencontre avec un génie novateur, rieur et collectionneur.

PORTRAIT du Dr. Philippe Woog

Rencontre avec un génie novateur, rieur et collectionneur.

Ci-dessous une reproduction du portrait réalisé par François BALZAN

Les inventeurs – plus que tous les autres hommes peut-être – adorent cultiver, avec une intensité qui varie en fonction de l’importance des attaches qu’ils ont su garder avec le monde de l’enfance, l’esprit ludique.

Philippe Woog est de ces hommes-là.  Il n’aime rien tant que poser le rire en préambule à toute forme de communication, s’évader à haute voix dans de délicieux rêves et mêler toujours – dans un discours où transparaît une culture immense – le sérieux et la fantaisie, l’importance et le dérisoire, comme si la valeur de l’un ne pouvait apparaître qu’à la fréquentation assidue de l’autre.

Le ton est donné d’emblée quand il raconte comment son invention – un système exclusif de protection des gencives par le massage et d’entretien des dents par le brossage électrique – après avoir été expérimentée dans les sous-marins américains est passée, sans transition et au plus fort de la guerre froide, directement dans la salle de bain du légendaire soviétique Krouchtchev. L’histoire est tellement incroyable qu’évidemment elle est vraie. Et Philippe Woog de s’amuser à laisser supposer, bien qu’il ne le dise jamais qu’il a été un des rares êtres humains à s’entretenir avec les plus grands chefs d’État d’un sujet sur lequel ils n’ont pas l’habitude d’épiloguer : leurs dents.

Puis un jour il arriva au brevet du système Broxo ce qui arrive fatalement à tous les brevets : il tomba dans le domaine public. On assista alors à une avalanche d’imitations et de reproductions en tous genres qui ne parvinrent cependant jamais à égaler franchement l’original. Jeu ultime de l’inventeur ou marque première de son génie novateur, il y avait dans le système quelque chose de non reproductible, quelque chose qui ressemble au regard constamment rieur de son inventeur.

Après quelques décennies de service, le système séduit toujours tous ceux pour qui seul le meilleur est assez bon. Mais très tôt dans sa vie, Philippe Woog a été intéressé par une autre sorte de jeu que celui de l’invention : celui, complexe et rusé, de la collection. Il est aujourd’hui à la tête d’une collection d’art contemporain et d’art africain parmi les plus belles du monde. « Lorsque j’ai commencé ma collection d’art africain, très peu de collectionneurs s’intéressaient vraiment à cette forme d’art, ce n’était pas encore une marque de prestige social. Aujourd’hui, les véritables chefs-d’œuvre d’art africain atteignent sur le marché international des cotes qui excèdent facilement le million de dollars. En ce qui concerne l’art contemporain, le phénomène s’est encore plus amplifié et s’assortit d’une complexité conceptuelle qui me ravit souvent. » Et d’ajouter, sur ce ton particulièrement grave qui peut déconcerter l’interlocuteur non averti : « Je ne dirai pas que ce genre de jeu ne m’amuse plus, non… il se déplace simplement là où il n’y a pas encore de spéculation, vers certains rares artistes aborigènes d’Australie ou vers certaines compositions fractales du professeur Benoit Mandelbrot – à voir au Palais de la Découverte à Paris – par exemple, où je retrouve intact le plaisir de la découverte. »

On aura compris que pour Philippe Woog, finalement, la vie reste encore plus énigmatique des jeux et qu’on peut être extrêmement bavard sans jamais rien avouer vraiment.

Voir aussi l’interview réalisé par Sylvain RAVEAU

Paris Match Présentation officielle de la brosse à dents électrique BROXODENT

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